Le tourisme, un levier d’aménagement durable du territoire
03 juin 2025
Face à la saturation des destinations touristiques traditionnelles, aux préoccupations écologiques croissantes et à l’aspiration des voyageurs à un tourisme plus authentique et multi-expérientiel, le tourisme durable s’impose comme une réponse stratégique. Cette approche plus respectueuse des rythmes naturels, des habitants, et des territoires invite à redécouvrir des territoires, des lieux, des bâtis hors des sentiers battus. Ce tourisme, pour peu qu’il soit soutenu et soutenable, peut devenir un vecteur de revitalisation des espaces ruraux, de réhabilitation de sites oubliés, et de dynamisation économique locale, en cohérence avec les objectifs de transition écologique. Il offre ainsi des leviers concrets pour repenser l’aménagement durable du territoire.
Le tourisme durable : une tendance aux multiples vertus pour les territoires
Le tourisme durable s’adresse à des publics en quête d’expériences sincères, moins consommatrices de ressources. Il s’agit d’un tourisme expérientiel connecté avec la nature, l’histoire, la culture et le patrimoine. Il permet ainsi de révéler des ressources souvent invisibles ou négligées : petit patrimoine rural, savoir-faire artisanaux, paysages du quotidien, traditions orales, chemins oubliés. Il encourage une lecture fine du territoire, sensible à son histoire, à ses habitants, à sa mémoire. En mettant en lumière ces éléments singuliers, il favorise un développement économique local non délocalisable, fondé sur l’identité du lieu. L’accueil touristique devient un levier de soutien aux circuits courts, aux productions artisanales, à l’économie sociale et solidaire.
Face à la concentration excessive du tourisme sur certains sites emblématiques, le tourisme durable propose une alternative structurante. En incitant les visiteurs à sortir des grands itinéraires, à s’arrêter dans les marges et à explorer les territoires moins connus, il contribue à une déconcentration géographique des flux. De même, en valorisant la beauté des saisons intermédiaires, en développant des offres accessibles toute l’année, il participe à une désaisonnalisation de l’activité touristique, réduisant la pression sur les ressources naturelles et humaines.
Ces nouvelles pratiques appellent à l’émergence de récits territoriaux renouvelés : au-delà des images stéréotypées, chaque territoire peut affirmer sa singularité, raconter son histoire, transmettre son hospitalité de manière authentique. Le tourisme devient alors un puissant vecteur de revalorisation identitaire et culturelle.
L’aménagement des territoires : de la durabilité à la rentabilité
Un nombre croissant de collectivités, soutenues par des professionnels de l’ingénierie, misent donc désormais sur des projets d’aménagement touristiques à taille humaine, intégrés aux logiques de territoire, loin des grands équipements standardisés. Le tourisme durable est perçu comme un outil d’équilibre et de structuration, qui répond aux enjeux des territoires périurbains, ruraux et de moyenne montagne souvent en quête de sens et de nouvelles dynamiques.
L’aménagement durable du territoire ne se limite cependant pas à un idéal écologique ou social : il constitue aujourd’hui une stratégie d’investissement à long terme, capable de générer des retombées économiques pérennes tout en renforçant la cohésion territoriale. Dans un contexte de transition écologique et de tensions budgétaires, les projets touristiques reposant sur des logiques de sobriété, de réutilisation des ressources existantes et d’implication locale apparaissent comme des solutions à fort retour sur investissement territorial.
La notion de rentabilité dans l’aménagement durable dépasse les seuls indicateurs financiers classiques. Il s’agit d’envisager une rentabilité globale, qui intègre des retombées économiques locales (emplois non délocalisables, consommation sur place, renforcement de filières locales), des bénéfices sociaux (renforcement du lien social, valorisation des compétences locales, bien-être des habitants) et des externalités positives environnementales (requalification de friches, mobilité douce, baisse des émissions).
Ainsi, un projet de tourisme bien intégré au territoire ne génère pas de forte fréquentation ponctuelle, mais une fréquentation régulière, qualitative, et distribuée dans le temps et l’espace, à condition que les outils de promotion soient mis en place en même temps, de manière renforcée et durable. Cette dynamique favorise une économie de proximité plus stable, plus sobre, et moins vulnérable aux crises.
Les projets de tourisme durable s’appuient sur des logiques de réhabilitation, de mutualisation et d’usage mixte. Un sentier balisé, un ancien bâtiment reconverti, une aire de bivouac intégrée au paysage : autant d’investissements mesurés, adaptables, et facilement réversibles. Cette sobriété d’investissement séduit de plus en plus de collectivités, qui recherchent des solutions à la fois concrètes, visibles et maîtrisables en termes de coûts. Le modèle économique qui en découle repose sur des partenariats public-privé, des logiques coopératives et une diversification des sources de revenus (hébergement, médiation, produits locaux, évènementiel...).
C’est aussi un outil stratégique pour redonner une fonction économique et sociale à des territoires oubliés, souvent en déclin ou en recherche de nouvelle vocation. En plaçant l’aménagement au service des usages locaux, en y intégrant les pratiques touristiques de manière douce et cohérente, on crée les conditions d’un modèle de rentabilité territoriale durable.
Une ingénierie territoriale adaptée pour faire émerger ces projets
Développer un tourisme porteur de sens suppose une approche d’ingénierie intégrée, transversale et participative. Le succès d’un projet repose sur sa capacité à mobiliser différents champs de compétences : urbanisme, architecture, mobilité, paysage, développement économique, culture. Il s’agit de concevoir des projets à la croisée des usages (habitants, visiteurs, professionnels), en tenant compte des ressources locales, des mobilités et des temporalités.
Les projets les plus durables sont donc ceux qui émergent d’une dynamique locale partagée. Les bureaux d’études adhérents de Cinov Tourisme œuvrent ainsi à articuler ingénierie territoriale, réhabilitation du patrimoine ou des espaces, concertation locale et nouvelles pratiques pour co-construire des destinations vivantes, résilientes et durables. Ils portent une ingénierie indépendante, engagée dans une vision de long terme. Notre rôle est d’accompagner les collectivités dans la conception, le montage et la faisabilité de leurs projets de tourisme durable : études de potentiel, évaluation des impacts, modèles économiques, scénarios de gestion, recherche de financements. Nous nous positionnons comme facilitateurs de projets durables et sur-mesure, dans une logique de résilience territoriale. Les agences publiques et parapubliques peuvent d’ailleurs être nos prescripteurs auprès des porteurs de projets.
Le tourisme durable ne se limite pas à une tendance de consommation : c’est un véritable outil d’aménagement durable. Il permet de valoriser des ressources locales, de rééquilibrer les flux touristiques, de réactiver des lieux oubliés, tout en respectant les capacités d’accueil des territoires. Encore faut-il qu’il soit pensé, structuré et accompagné.
Loin des logiques de standardisation, ce tourisme ré-inventé offre une formidable opportunité pour réconcilier tourisme, aménagement et transition écologique. En tant que professionnels de l’ingénierie touristique, notre rôle est d’en faire un levier d’avenir, au service des territoires et de leurs habitants.