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#Témoignage

Adeline Rispal aborde la gouvernance des projets culturels

22 avril 2021
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Entretien avec Adeline Rispal Gérante de l’agence d’architecture Ateliers Adeline Rispal et présidente de XPO Fédération

A quelques jours du colloque organisé par la Fédération Cinov sur le thème « Gouvernance participative, gouvernance profitable : impliquer les multiples parties prenantes pour affronter l’incertitude », Adeline Rispal, gérante de l’agence d’architecture Ateliers Adeline Rispal et présidente de XPO Fédération des concepteurs d’exposition*, évoque les enjeux de la mise en œuvre de nouvelles gouvernances dans le secteur de la culture.

La gouvernance des projets culturels a-t-elle besoin d’évoluer, et dans quel sens ?

C’est une évidence aujourd’hui que les gouvernances doivent se réformer pour s’adapter à un monde qui change, qui doit se transformer sous la pression environnementale et sociale, dans lequel tout le monde donne son avis sur tout et dans lequel le collectif, devenu très puissant par les réseaux sociaux, apparait bénéfique sous certains angles et dangereux sous d’autres. Dans ce contexte, il faudrait veiller à ne pas galvauder les termes de gouvernance participative ou collaborative, que beaucoup utilisent sans les pratiquer réellement, car les changements de mentalité qu’ils imposent sont très lourds à opérer et de nombreux freins sont à l’œuvre.

Quels sont ces freins ?

Il faudrait se méfier avant tout d’une forme d’instrumentalisation de l’écoute : on écoute mais derrière rien ne change ! Plusieurs rapports en témoignent, comme celui qui a été réalisé en 2020 par Bruno Racine sur « l’auteur et l’acte de création ». Remises au ministre de la culture, ses propositions, pourtant très justifiées, n’ont pas été suivies d’effet. Cela montre que mettre tous les acteurs autour de la même table peut ne pas suffire ! Pour éviter cet écueil et favoriser une meilleure collaboration de tous, il conviendrait par exemple de mieux organiser la représentativité des différentes branches professionnelles. C’est ce qui a motivé la création d’XPO*. Il reste très difficile d’engager le dialogue avec les pouvoirs publics.

Comment expliquez-vous ces blocages ?

La vision qu’ont certains acteurs publics de leur rôle éthique, rôle auquel nous attachons la plus grande importance, est à l’opposé de celle qu’ils ont des entreprises. L’entreprise commerciale serait là pour s’enrichir, avant de se préoccuper du bien public. Dans la culture, c’est la plupart du temps le contraire : les entreprises sont tellement passionnées par leur activité et par ce bien commun qu’est la culture qu’elles ne pensent pas assez à leur survie. C’est pour cela que leur situation est devenue très précaire.

C’est cette méconnaissance mutuelle, qu’on doit surmonter en réunissant tout le monde autour de la table, pour que chacun écoute la réalité de l’autre. Pour sauver des pans entiers de l’industrie culturelle, il est urgent de transformer les manières de dialoguer, de collaborer, de commander. Il est tellement urgent de faire autrement !

Quelles seraient les solutions ?

On pourrait imaginer de constituer des collèges de professionnels représentatifs qui agissent aux côtés des instances décisionnelles. La période actuelle renforce cette demande de collégialité. Ce serait très vertueux car la collaboration est par essence bienveillante et constructive.

* Fondée en 2019, la Fédération XPO, affiliée à la Fédération Cinov, rassemble sept associations professionnelles de concepteurs d’expositions : Association Les Muséographes, Association Professionnelle des Muséographes, Association Scénographes, Union des Scénographes, Association des Concepteurs lumière et Eclairagistes, Association des Producteurs d’expériences numériques, Alliance France Design.

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