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Marchés publics

Marchés publics - Interview de Guy Mordret

Guy Mordret
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Cinov Digital

Rencontre avec Guy Mordret, dirigeant d’Anaximandre – agence de communication digitale 

Quelles sont, parmi vos activités, celles qui dépendent de l’accès à la commande publique ?

Nous dépendons des marchés publics notamment pour ce qui relève de la communication digitale classique : sites Internet, conseil en communication, identité visuelle…

Quels sont les freins auxquels vous êtes confrontés pour accéder aux marchés publics ?

Les collectivités locales publient des appels d’offres sur des plateformes : nous recevons des alertes quand un appel d’offre est déposé. Mais ce système ne fonctionne pas très bien. Il faut régulièrement remettre les alertes à jour, réinitialiser les domaines d‘intérêt (CPV), ce qui est long et fastidieux. Il arrive aussi que les collectivités locales nous informent directement quand elles lancent un appel d’offre restreint. Mais il est toujours un peu difficile de le retrouver sur la plateforme si on n’a pas la référence précise.

Les dossiers sont-ils complexes à remplir ?

Ils le sont. Mais fort de mes vingt-sept années d’expérience, j’avoue que les démarches en ligne ont plutôt simplifié les choses. De plus, en communication, on nous demande souvent une maquette de site, ce qui représente du travail qui n’est pas rémunéré, comme cela peut l’être, en revanche, pour des architectes, dans le cadre d’un concours. La dématérialisation a aussi accru la concurrence, puisque n’importe qui en France peut répondre. Et cela a des impacts très défavorables, avec des collectivités locales qui ne jouent pas le jeu de la proximité et qui ne favorisent pas le tissu économique local. Je peux comprendre qu’elles aient recours à des entreprises situées à l’autre bout du pays, si celles-ci ont des compétences qui n’existent pas localement, mais en communication digitale ce n’est pas le cas. Au contraire, c’est un atout d’être implanté sur le territoire pour comprendre ce qu’il s’y passe.

Comment expliquez-vous ce phénomène ?

Il y a plusieurs causes. L’arrivée de jeunes chargés de communication, qui ne connaissent pas le territoire, joue souvent en défaveur du tissu local : ils vont chercher des gens ailleurs, sans prendre le temps de regarder l’offre locale. Par ailleurs, les élus optent parfois pour des entreprises extérieures, pour ne pas être accusés de clientélisme local. Ils n’ont pas non plus conscience de tous les enjeux et se laissent embarquer par de belles promesses. Il peut y avoir un critère financier, mais souvent ceux qui gagnent grâce au prix multiplient par la suite les avenants et les facturations supplémentaires.

Comment lever ces freins ?

J’ai fait partie du groupe de travail sur les marchés publics à la Fédération Cinov. Nous avons acté qu’il fallait avant tout sensibiliser les élus au fonctionnement de la commande locale, non seulement sur les critères de choix mais aussi sur le courrier d’explication aux candidats qui n’ont pas été retenus. Pour que l’on progresse, il est important de savoir pourquoi notre offre n’a pas été retenue. Depuis des années, des parlementaires parlent de ces problèmes, mais aucun texte de loi n’a jamais acté le principe de la commande locale sur la communication et le numérique, qui existe pourtant dans d’autres secteurs, comme l’alimentation.  Nous plaidons pour que la commande locale soit valorisée. Un autre enjeu est la compétence des élus locaux pour juger des offres techniques.
 

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GUY-MORDRET

 

« La dématérialisation a aussi accru la concurrence, puisque n’importe qui en France peut répondre à un appel d’offre. Et cela a des impacts très défavorables, avec des collectivités locales qui ne jouent pas du tout le jeu de la proximité.  »

 

 

 

 

 

 

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